Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/03/2011

Représentation d'algèbre de Lie

Représentation d'algèbre de Lie

 

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Repr%C3%A9sentation_d'alg%C3...

Livres : Représentation d'algèbre de Lie


En mathématiques, une représentation d'une algèbre de Lie est une façon d'écrire cette algèbre comme une algèbre de matrices, ou plus généralement d'endomorphismes d'un espace vectoriel, avec le crochet de Lie donné par le commutateur.

Sommaire

 [masquer]

Algèbres de Lie[modifier]

Article détaillé : Algèbre de Lie.

Soit K un corps commutatif de caractéristique différente de 2. Une algèbre de Lie mathfrak{g} sur K est un espace vectoriel muni d'une apllication bilinéaire (x,y) mapsto [x,y] de mathfrak{g}timesmathfrak{g} dans mathfrak{g}qui vérifie les propriétés suivantes :

  1. forall x in mathfrak{g}, [x,x]=0;
  2. forall x,y,z in mathfrak{g}, [x,[y,z]]+[y,[z,x]]+[z,[x,y]]=0


Tout espace vectoriel V peut être muni d'une structure d'algèbre de Lie, en posant forall x,y in V, [x,y]=0. Une telle algèbre de Lie, où le crochet de Lie est identiquement nul, est appelée abélienne. Un autre exemple, fondamental pour ce qui suit, est le suivant. Soit V un espace vectoriel sur K. L'espace vectoriel End(V) des endomorphismes de V peut être muni d'une structure d'algèbre de Lie, en posant : [u,v]=ucirc v-vcirc u. On note également mathfrak{gl}(V) l'algèbre de Lie ainsi obtenue. Lorsque V est de dimension finie nmathfrak{gl}(V)s'identifie aux matrices de taille ntimes n à coefficient dans K. On la note alors mathfrak{gl}(n,K).


Une sous-algèbre de Lie de mathfrak{g} est un sous-espace vectoriel mathfrak{h} de mathfrak{g} stable par le crochet de Lie, i.e. tel que forall x,y in mathfrak{h}, [x,y] in mathfrak{h}.

Exemples

  • Si mathfrak{g} est une algèbre de Lie abélienne alors tout sous-espace vectoriel de mathfrak{g} est automatiquement une sous-algèbre de Lie.
  • Le sous-espace vectoriel de mathfrak{gl}(n,K) formé des matrices de trace nulle est une sous-algèbre de Lie de mathfrak{gl}(n,K) car tr(AB) = tr(BA) pour toutes matrices A et B. Cette sous-algèbre est notée mathfrak{sl}(n,K).


Un idéal d'une algèbre de Lie mathfrak{g} est un sous-espace vectoriel mathfrak{h} de mathfrak{g} tel que forall xin mathfrak{g}, yin mathfrak{h}, [x,y] in mathfrak{h}. Tout idéal d'une algèbre de Lie est en particulier une sous-algèbre de Lie (mais la réciproque est fausse).

Exemples

  • Si mathfrak{g} est une algèbre de Lie abélienne alors tout sous-espace vectoriel de mathfrak{g} est automatiquement un idéal.
  • La sous-algèbre de Lie mathfrak{sl}(n,K) de mathfrak{gl}(n,K) est un idéal.


Un morphisme entre deux algèbres de Lie mathfrak{g} et mathfrak{h} est une application linéaire varphi : mathfrak{g} rightarrow mathfrak{h} telle que forall x,y in mathfrak{g}, varphi([x,y])=[varphi(x),varphi(y)]. Le noyau d'un morphisme d'algèbres de Lie est alors un idéal de l'algèbre de Lie source et l'image une sous-algèbre de Lie de l'algèbre de Lie but. Un isomorphisme entre deux algèbres de Lie est morphisme d'algèbre de Lie qui est un isomorphisme d'espace vectoriel.

Exemples

  • Si mathfrak{g} est une sous-algèbre de Lie de mathfrak{h} alors l'inclusion de mathfrak{g} dans mathfrak{h} est un morphisme d'algèbre de Lie, de noyau nul et d'image mathfrak{g}.
  • Si mathfrak{h} est un idéal de mathfrak{g} alors il existe une unique structure d'algèbre de Lie sur l'espace vectoriel quotient mathfrak{g}/mathfrak{h} telle que la projection canonique p : mathfrak{g}rightarrow mathfrak{g}/mathfrak{h} soit un morphisme d'algèbre de Lie. Le noyau de p est alors mathfrak{h} et son image mathfrak{g}/mathfrak{h}. L'algèbre de Lie mathfrak{g}/mathfrak{h} ainsi définie s'appelle l'algèbre de Lie quotient de mathfrak{g} sur mathfrak{h}. Par exemple l'algèbre de Lie quotient mathfrak{gl}(n,K)/mathfrak{sl}(n,K) est isomorphe à l'algèbre de Lie abélienne K.

Représentations[modifier]

Définitions[modifier]

Une représentation de l'algèbre de Lie mathfrak{g} dans un espace vectoriel V est la donnée d'un morphisme pi,:,mathfrak{g}to mathfrak{gl}(V). Autrement dit, π est une application linéaire qui vérifie également forall x,y in mathfrak{g}, pi([x,y])=pi(x)circpi(y)-pi(y)circpi(x). On note (π,V) cette représentation ou simplement V lorsqu'il n'y a pas d'ambiguité possible sur π. On dit aussi que V est un mathfrak{g}-module ou simplement un module. On note parfois xcdot v au lieu de π(x)(v) l'action de l'élément x in mathfrak{g} sur le vecteur v in V.

Une représentation (π,V) est dite fidèle si le morphisme π est injectif. Dans ce cas, l'algèbre de Lie mathfrak{g} peut être vue comme une sous-algèbre de Lie de mathfrak{gl}(V).


Une sous-représentation d'une représentation (π,V) de mathfrak{g} est la donnée d'un sous-espace vectoriel W de V stable par l'action de mathfrak{g}, i.e. tel que forall x in mathfrak{g}, pi(x)(W) subset W. En particulier, pour qu'une droite vectorielle D engendrée par un vecteur v soit stable il faut et il suffit que v soit un vecteur propre commun à tous les endomorphismes π(x). Une représentation (π,V) est irréductible si elle n'admet aucune sous-représentation propre, c'est-à-dire autre que les sous-espaces {0} et V. En particulier toute représentation (π,V) de dimension 1 est irréductible, car dans ce cas les seuls sous-espaces vectoriels de V sont précisement {0} et V. Soit V' une sous-représentation de (π,V). La représentation quotientest la représentation bar{pi} de mathfrak{g} dans l'espace quotient V / V' définie par forall x in mathfrak{g}, forall v in V, bar{pi}(x)(v+V')=pi(x)(v)+V'.


Un morphisme entre deux représentations (π,V) et (π',V') d'une même algèbre de Lie mathfrak{g} est la donnée d'une application linéaire varphi : V rightarrow V' qui commute à l'action de mathfrak{g}, c'est-à-dire telle que forall x in mathfrak{g}, varphi circ pi(x)=pi'(x) circ varphi. Lorque varphi est un isomorphisme d'espace vectoriel, on dit que les deux représentations sont isomorphes. L'ensemble de tous les morphismes entre les représentations (π,V) et (π',V') forme un espace vectoriel, noté Hom_{mathfrak{g}}(V,V').


Le lemme de Schur est un résultat important pour la compréhension de cet espace Hom_{mathfrak{g}}(V,V'). En voici l'énoncé :

Lemme de Schur — 

  • Soient V et V' deux représentations irréductibles d'une algèbre de Lie mathfrak{g}. Soit varphi in Hom_{mathfrak{g}}(V,V'). Alors varphi est soit l'application nulle soit un isomorphisme. En particulier, si V et V' ne sont pas isomorphes, Hom_{mathfrak{g}}(V,V') = {0}.
  • Supposons ici que le corps K soit algébriquement clos. Soit V une représentation irréductible de dimension finie de mathfrak{g}. Alors tout morphisme varphi in Hom_{mathfrak{g}}(V,V) est un multiple de l'identité. En d'autres termes, Hom_{mathfrak{g}}(V,V) cong K.

Remarques

  • Le premier point du lemme de Schur résulte du fait que ker(varphi) est une sous-représentation de V et Im(varphi) une sous-représentation de V'.
  • Le deuxième point du lemme de Schur résulte du fait que tout endomorphisme d'un espace vectoriel de dimension finie admet au moins une valeur propre λ sur un corps algébriquement clos. Par conséquent varphi-lambda id est un morphisme de V dans V qui n'est pas un isomorphisme. D'après le premier point, il s'agit donc de l'application nulle, i.e. varphi = lambda id. Ce résultat est encore valable en dimension infinie mais nécessite la puissance du théorème spectral.
  • Le deuxième point du lemme de Schur est faux pour un corps non algébriquement clos. Supposons par exemple K = mathbb{R}. Considérons la représentation (π,V) donnée par la formule forall x in mathbb{R}, pi(x) = left(begin{array}{cc} cos x & -sin x \ sin x & cos x end{array} right) in mathfrak{gl}(2,mathbb{R}). On vérifie que (π,V) est une représentation irréductible de l'algèbre de Lie abélienne mathbb{R}. Considérons y = 45o et posons varphi := pi(y). Comme l'algèbre de Lie mathbb{R} est abélienne, varphi est un morphisme de V dans V. On peut d'ailleurs vérifier que varphi est bien un isomorphisme. Cependant varphin'est pas un multiple de l'identité. Remarquons à ce propos que varphi n'a pas de valeurs propres réelles (ce qui explique pourquoi la preuve du deuxième point du lemme n'est pas valable dans ce cas).

Exemples[modifier]

  • Une représentation d'une algèbre de Lie abélienne mathfrak{g} est une application linéaire à valeurs dans un sous-espace commutatif de l'espace des endomorphismes d'un espace vectoriel V. Par exemple, si V est de dimension fini, on peut représenter mathfrak{g} par des matrices diagonales (qui commutent entre elles).
  • La représentation triviale de mathfrak{g} dans un espace vectoriel V est la représentation π définie par forall x in mathfrak{g}, pi(x)=0.
  • Si mathfrak{g}=mathfrak{gl}(n,K), on définit la représentation naturelle de mathfrak{g} comme la représentation (pi, K^n) définie par forall x in mathfrak{g}, pi(x)=x. Plus généralement la représentation naturelle d'une sous-algèbre de Lie mathfrak{g} de mathfrak{gl}(n,K) est définie comme l'inclusion de mathfrak{g} dans mathfrak{gl}(n,K). Elle est donc à valeurs dans Kn.
  • La représentation adjointe d'une algèbre de Lie mathfrak{g} est la représentation (ad, mathfrak{g}) définie par forall x in mathfrak{g}, ad(x): y in mathfrak{g} mapsto [x,y] in mathfrak{g}.
  • Soit mathfrak{g}=mathbb{R} l'algèbre de Lie abélienne de dimension 1, définie sur K=mathbb{R}. Considérons l'espace V=L^2(mathbb{R}). On définit une représentation de mathbb{R} dans V par la formule forall x in mathbb{R}, pi(x)(f)=f circ tau_x  , où tau_x :  y in mathbb{R} mapsto y-x in mathbb{R}.

Constructions de représentations[modifier]

  • Somme directe : soient (π,V) et (π',V') deux représentations de mathfrak{g}. On définit la représentation somme directe pi oplus pi' dans l'espace vectoriel V oplus V' par la formule forall x in mathfrak{g}, forall v in V, forall v' in V', (pi oplus pi')(x)(v,v')=(pi(x)(v),pi'(x)(v')). Dans ce cas, V oplus {0} et {0} oplus V' sont des sous-représentations de (pi oplus pi',V oplus V').
  • Produit tensoriel : soient (π,V) et (π',V') deux représentations de mathfrak{g}. On définit la représentation produit tensoriel pi otimes pi' dans l'espace vectoriel V otimes V' par la formule forall x in mathfrak{g}, forall v in V, forall v' in V', (pi otimes pi')(x)(v otimes v')=pi(x)(v) otimes v'+v otimes pi'(x)(v').
  • Contragrédiente : soit (π,V) une représentation de mathfrak{g}. On définit la représentation contragrédiente π * dans l'espace vectoriel dual V * par la formule forall x in mathfrak{g}, forall v^* in V^*, pi ^*(x)(v^*)=-v^* circ pi(x).
  • Espace des morphismes : soient (π,V) et (π',V') deux représentations de mathfrak{g}. Nous avons vu comment définir l'espace vectoriel Hom_{mathfrak{g}}(V,V') des morphimes de V dans V'. On définit une représentation encore notée π de mathfrak{g} sur cet espace par la formule forall x in mathfrak{g}, forall varphi in Hom_{mathfrak{g}}(V,V'), pi(x)(varphi)=-varphi circ pi(x).
  • Restriction à une sous-algèbre de Lie : soit (π,V) une représentation de mathfrak{g}. Soit mathfrak{h} une sous-algèbre de Lie de mathfrak{g}. Alors (pi_{| mathfrak{h}},V) est une représentation de mathfrak{h}, appelée la restriction de (π,V) à mathfrak{h}. On la note parfois V_{| mathfrak{h}} par abus de notations.


Une représentation de mathfrak{g} est indécomposable si elle n'est pas isomorphe à la somme directe de deux sous-représentations propres. En particulier, toute représentation irréductible est indécomposable, mais la réciproque est fausse. Une représentation est semi-simple (ou complétement réductible) si elle est isomorphe à une somme directe de sous-représentations irréductibles (éventuellement en nombre infini). Une représentation indécomposable et semi-simple est nécessairement irréductible.

Exemples:

  • Soit mathfrak{g}=mathbb{R} l'algèbre de Lie abélienne de dimension 1 sur le corps K=mathbb{R}. On définit une représentation π de mathfrak{g} dans mathbb{R}^2 par la formule pi(x)=left(begin{array}{cc} x & 0 \ 0 & -xend{array}right) in mathfrak{gl}(2,mathbb{R}). Cette représentation n'est pas irréductible. Par exemple la droite D1 engendrée par le vecteur left(begin{array}{c} 1 \ 0end{array}right) est stable, tout comme la droiteD2 engendrée par le vecteur left(begin{array}{c} 0 \ 1end{array}right). Il s'agit donc de deux sous-représentations de π, irréductibles car de dimension 1. Or on a D_1 oplus D_2 =mathbb{R}^2. Donc la représentation π est semisimple.
  • Avec les notations de l'exemple précédent, on peut aussi considérer la représentation π' dans mathbb{R}^2 définie par la formule pi'(x)=left(begin{array}{cc} 1 & x \ 0 & 1end{array}right) in mathfrak{gl}(2,mathbb{R}). A nouveau la droiteD1 est un sous-espace stable. Donc la représentation π' n'est pas irréductible. Plus généralement, on peut vérifier que D1 est la seule droite stable et donc la seule sous-représentation de π'. Ainsi π' est indécomposable.
  • Gardons toujours les mêmes notations. On définit la représentation π'' de mathbb{R} dans mathbb{R}^2 par la formule pi''(x)=left(begin{array}{cc} cos x & -sin x \ sin x & cos xend{array}right) in mathfrak{gl}(2,mathbb{R}). On peut vérifier qu'il n'y a pas de droites stables par la représentation π''. En d'autres termes, π'' est irréductible.

Ces trois exemples traduisent le fait qu'une matrice réelle peut être soit diagonalisable, soit trigonalisable mais pas diagonalisble, ou ne possède pas de valeurs propres réelles. On voit ainsi que la notion de représentation d'une algèbre de Lie généralise la notion classique de réduction des endomorphismes.

Lien avec les représentations de l'algèbre enveloppante[modifier]

L'algèbre enveloppante d'une algèbre de Lie[modifier]

Article détaillé : Algèbre enveloppante.

Soit A une algèbre associative avec unité. Alors il existe sur A une structure d'algèbre de Lie pour laquelle le crochet de Lie est donné par la formule forall a,b in A, [a,b]=ab-ba. On note parfois AL cette algèbre de Lie. Ainsi toute algèbre associative fournit une algèbre de Lie. Nous avons vu que mathfrak{gl}(V) est un exemple de cette construction. Peut-on donner une réciproque à ce résultat ? Peut-on construire une algèbre associative à partir d'une algèbre de Lie. Cette idée conduit à la notion d'algèbre enveloppante d'une algèbre de Lie.

Soit mathfrak{g} une algèbre de Lie sur K. Soit T(mathfrak{g}) l'algèbre tensorielle de mathfrak{g}. Soit J l'idéal bilatère de T(mathfrak{g}) engendré par les tenseurs x otimes y - y otimes x - [x,y] in T(mathfrak{g}) pour tous x ety de mathfrak{g}. L'algèbre enveloppante de mathfrak{g} est l'algèbre associative unitaire définie comme le quotient T(mathfrak{g})/J. On la note mathcal{U}(mathfrak{g}). La composition iota : mathfrak{g} hookrightarrow T(mathfrak{g}) rightarrow mathcal{U}(mathfrak{g}) s'appelle l'application canonique de mathfrak{g} dans son algèbre enveloppante. En tant qu'algèbre, mathcal{U}(mathfrak{g}) est engendrée par 1 et l'image iota(mathfrak{g}). De plus, ι est un morphisme d'algèbre de Lie de mathfrak{g} dans mathcal{U}(mathfrak{g})_L. L'algèbre enveloppante d'une algèbre de Lie satisfait la propriété universelle suivante :

Propriété universelle de l'algèbre enveloppante —  Soit A une algèbre associative avec une unité. Soit varphi un morphisme d'algèbres de Lie de mathfrak{g} dans AL. Alors il existe un unique morphisme d'algèbres associatives Φ de mathcal{U}(mathfrak{g}) dans A tel que Φ(1) = 1 et Phi circ iota =varphi.

Exemple:

  • Si mathfrak{g} est une algèbre de Lie abélienne, alors son algèbre enveloppante s'identifie à son algèbre symétrique mathcal{S}(mathfrak{g}), qui elle même s'identifie (après choix d'une base) à une algèbre de polyômes. En particulier, mathcal{U}(K) est isomorphe à l'algèbre des polynômes à une indeterminée K[X].

Représentations d'une algèbre de Lie vs Représentations de son algèbre enveloppante[modifier]

Soit (π,V) une représentation de mathfrak{g}. Comme mathfrak{gl}(V) est une algèbre associative avec unité, la propiété universelle de mathcal{U}(mathfrak{g}) implique qu'il existe un unique morphisme d'algèbres tilde pi : mathcal{U}(mathfrak{g}) rightarrow mathfrak{gl}(V) telle que forall x in mathfrak{g}, tilde pi (x)=pi(x). Cette opération permet donc de passer d'une représentation d'une algèbre de Lie à un morphisme d'algèbres associatives. Réciproquement, tout morphisme d'algèbres associatives tilde pi : mathcal{U}(mathfrak{g}) rightarrow mathfrak{gl}(V) donne par restriction à mathfrak{g} un morphisme d'algèbres de Lie, c'est-à-dire à une représentation de mathfrak{g}. Ce principe s'interprète comme une équivalence de catégories entre la catégorie des représentations d'une algèbre de Lie donnée et la catégorie des représentations de son algèbre enveloppante.

Ce nouveau point de vue est important car il permet de considérer de nouveaux objets fondamentaux. Le premier d'entre eux est l'annulateur d'une représentation. Soit (π,V) une représentation de mathfrak{g}. Notons encore par la lettre π la représentation de mathcal{U}(mathfrak{g}) qu'il s'en déduit. Alors l'annulteur de V est l'ensemble Ann(V) := {u in mathcal{U}(mathfrak{g}), pi(u)=0}. C'est un idéal bilatère de mathcal{U}(mathfrak{g}) car π est un morphisme d'algèbre. Tout idéal qui est l'annulateur d'une représentation irréductible de mathfrak{g} s'appelle un idéal primitif.

Soit (π,V) une représentation de mathfrak{g}. Notons encore par la lettre π la représentation de mathcal{U}(mathfrak{g}) qu'il s'en déduit. Pour tout v dans V, l'ensemble pi(mathcal{U}(mathfrak{g}))(v) définit une sous-représentation non nulle de V. Lorsque V est irréductible, on a donc V = pi(mathcal{U}(mathfrak{g}))(v). Plus généralement, une représentation V est dite cyclique s'il existe v in V tel que V = pi(mathcal{U}(mathfrak{g}))(v). Le vecteur v est appelé un vecteur cyclique. Une représentation V est irréductible si et seulement si tout vecteur non nul de V est cyclique. Une représentation Vest dite de type fini s'il existe un nombre fini de vecteurs v_1,ldots , v_n de V tels que V = sum_{k=1}^n  pi(mathcal{U}(mathfrak{g}))(v_k). Une représentation irréductible est donc de type finie. Soit V une représentation cyclique et soit v un vecteur cyclique. On définit alors une application varphi : mathcal{U}(mathfrak{g}) rightarrow V par la formule varphi (u) = pi (u)(v). Le noyau de varphi est l'annulateur de v, noté Ann(v). Il s'agit d'un idéal à gauche de mathcal{U}(mathfrak{g}). Comme V est cyclique, l'image de varphi est égale à tout V. On en déduit donc que V cong mathcal{U}(mathfrak{g})/Ann(v). Ainsi toute représentation cyclique (et en particulier toute représentation irréductible) apparaît comme un quotient de l'algèbre enveloppante de mathfrak{g}. De plus, lorsque V est irréductible l'idéal Ann(v)est maximal. Ainsi la classification des représentations irréductibles de mathfrak{g} est équivalente à la classification des idéaux à gauche maximaux de son algèbre enveloppante.


Exemple Considérons l'algèbre de Lie commutative mathbb{C}. Identifions son algèbre enveloppante avec l'anneau de polynômes mathbb{C}[X]. Cet anneau est principal et donc ses idéaux sont engendrés par un unique polynôme. De plus, si un polynôme P(X) peut se décomposer sous la forme P(X) = Q(X)(X − a), alors l'idéal (P) engendré par P est contenu dans l'idéal (X −a) engendré par X − a. Le théorème de d'Alembert-Gauss implique alors que les idéaux maximaux de mathbb{C}[X] sont les idéaux de la forme (X − a), pour a décrivant tout mathbb{C}. Le quotient mathbb{C}[X]/(X-a) correspondant est alors isomorphe à mathbb{C} et l'action de mathbb{C}[X] est donnée par 1 cdot bar 1 =bar 1 et X cdot bar 1 =bar a. Regardons à présent le quotient mathbb{C}[X]/(P) où P(X) = (X − a)(X − b). Si anot= b, le quotient est une représentation semi-simple, somme directe des deux représentations irréductibles mathbb{C}[X]/(X-a) et mathbb{C}[X]/(X-b). La situation est fondamentalement différente lorsque a = b. Dans ce cas, le quotient est un espace vectoriel de dimension 2 sur lequel l'opérateur donné par la multiplication par X − a est nilpotent d'indice 2. En termes de représentation de l'algèbre de Lie mathbb{C}, ce quotient correspond à la représentation donnée par la formule pi(z)=left(begin{array}{cc} a & z\ 0 & aend{array}right), qui est indécomposable mais pas irréductible.

Induction[modifier]

Soit mathfrak{g} une algèbre de Lie. Soit mathfrak{h} une sous-algèbre de Lie de mathfrak{g}. Soit (π,V) une représentation de mathfrak{g}. Nous avons vu que nous pouvons obtenir une représentation de mathfrak{h} par restriction. La notion d'algèbre enveloppante va donner un moyen simple de considérer le problème réciproque. Soit donc (π',V') une représentation de mathfrak{h}, que l'on voit comme une représentation de son algèbre enveloppante mathcal{U}(mathfrak{h}). Une conséquence du théorème de Poincaré-Birkhoff-Witt est que mathcal{U}(mathfrak{h}) apparaît comme une sous-algèbre de mathcal{U}(mathfrak{g}). D'autre part, mathcal{U}(mathfrak{g}) fournit une représentation de mathfrak{g} en faisant agir mathfrak{g} par multiplication à gauche sur les tenseurs. On construit alors la représentation Ind_{mathfrak{h}}^{mathfrak{g}}(V'):= mathcal{U}(mathfrak{g}) otimes_{mathcal{U}(mathfrak{h})} V'. On l'appelle la représentation induite de mathfrak{h} à mathfrak{g} par (π',V').

Lien avec les représentations des groupes de Lie[modifier]

Dans cette partie, le corps K est mathbb{R} (ou mathbb{C}). Un groupe de Lie G est une variété différentielle réelle (ou complexe) munie de deux applications mu : G times G rightarrow G et i : G rightarrow Glisses (ou holomorphes) telles que (G, mu, i) soit un groupe. Le corps K lui-même est un groupe de Lie commutatif. Le groupe GL(n,K) des matrices inversibles de taille n est un autre exemple de groupes de Lie. Un morphisme de groupes de Lie est un morphisme de groupes différentiable (ou holomorphe). Une représentation de dimension finie du groupe de LieG est un morphsime de G dans GL(n,K).

Les groupes de Lie sont reliés aux algèbres de Lie. En effet, l'espace tangent à un groupe de Lie G en l'identité est une algèbre de Lie de dimension finie, appelée algèbre de Lie du groupe G et notée mathfrak{g}. Par exemple, l'algèbre de Lie de K est K lui-même ; l'algèbre de Lie de GL(n,K) est mathfrak{gl}(n,K). Comme l'algèbre de Lie du groupe de Lie G est l'espace tangent en l'identité, elle ne dépend en fait que de la composante connexe de l'identité. Ainsi par exemple, le groupe GL^+(n,mathbb{R}) des matrices réelles de déterminant strictement positif a la même algèbre de Lie que GL(n,mathbb{R}). Par contre, à isomorphisme près, il existe un unique groupe de Lie connexe et simplement connexe ayant une algèbre de Lie (de dimension finie) donnée.

Comme tout morphisme varphi : G rightarrow H entre groupes de Lie est par hypothèse différentiable, il induit une application entre les algèbres de Lie sous-jacentes dvarphi : mathfrak{g} rightarrow mathfrak{h}. Cette application dvarphi est en fait un morphisme d'algèbres de Lie. En particulier, pour H = GL(n,K), toute représentation d'un groupe de Lie G donne naissance à une représentation de dimension finie de son algèbre de Lie mathfrak{g}. Réciproquement, toute représentation de dimension finie d'une algèbre de Lie mathfrak{g} provient d'une représentation de l'unique groupe de Lie simplement connexe ayant pour algèbre de Lie mathfrak{g}.

Remarque Il existe des notions plus fortes de représentations de groupes de Lie permettant d'étendre la théorie à la dimension infinie, tout en conservant un analogue de ce dernier résultat. Il s'agit par exemple de représentations admissibles et de la notion de (mathfrak{g},K)-modules.

Catégorie de modules[modifier]

Soit mathfrak{g} une algèbre de Lie. L'ensemble de tous les mathfrak{g}-modules (ou de manière équivalente de toutes les représentations de mathfrak{g}) forme une catégorie, notée Mod(mathfrak{g}). Cette catégorie estabélienne. En particulier, on peut considérer des suites exactes de modules. Une suite exacte dans Mod(mathfrak{g}) est la donnée de trois modules MNP et de deux morphismes i : N rightarrow M injectif et p : M rightarrow P surjectif. On note 0 rightarrow N rightarrow M rightarrow P rightarrow 0 une telle suite. Un module P est projectif si toute suite exacte 0 rightarrow N rightarrow M rightarrow P rightarrow 0 est scindée, c'est-à-dire s'il existe un morphisme s : P rightarrow M tel que pcirc s = id. Une définition équivalente est la suivante : le module P est projectif si pour tout morphisme surjectif f : N rightarrow M et tout morphisme h : P rightarrow M il existe un unique morphisme h': P rightarrow N tel que f circ h' = h. De manière duale, un module I est injectif si toute suite exacte 0 rightarrow I rightarrow M rightarrow P rightarrow 0 est scindée. Une définition équivalente est la suivante : le module I est injectif si pour tout morphisme injectif f : N rightarrow M et tout morphisme h : N rightarrow I il existe un unique morphisme h': M rightarrow I tel que h' circ f = h.


Comme tout module est aussi un module sur l'anneau mathcal{U}(mathfrak{g}), on peut reprendre les notions générales de modules sur un anneau. Un module M est de longueur fini s'il existe une suite finie de sous-modules {0} subset M_1 subset M_2 subset cdots subset M_n=M telle que les quotients successifs Mi + 1 / Mi soient des modules irréductibles. Une telle suite s'appelle unesuite de Jordan-Hölder de M. Pour un module de longueur finie, la classe d'isomorphismes des quotients ne dépend que du module M. En particulier, l'entier n ne dépend que du module M et est appelé la longueur du module M. Par exemple, tout module irréductible est de longueur 1, toute somme directe de deux modules irréductibles est de longueur 2.


Un module M est artinien si toute suite décroissante de sous-modules M supset M_1 supset M_2 supset cdots est stationnaire. Par exemple, tout module de dimension finie est artinien. Un module M est noethérien si toute suite croissante de sous-modules {0} subset M_1 subset M_2 subset cdots  est stationnaire. Comme l'algèbre enveloppante mathcal{U}(mathfrak{g}) est un anneau noethérien, un module M est noethérien si et seulement s'il est de type fini. Un module est de longueur fini si et seulement s'il est noethérien et artinien.


Exemple: Un module de dimension finie est toujours noethérien et artinien, et est donc toujours de longueur fini. Ceci n'est plus valable en dimension infinie, même pour une algèbre de Lie abélienne. Supposons par exemple que mathfrak{g}=mathbb{C}. Considérons le module L=mathbb{C}[X] où l'action de zin mathbb{C} est donnée par la multiplication par le scalaire z. L'action de mathcal{U}(mathbb{C})=mathbb{C}[X] est donc donnée par la multiplication à gauche. Ainsi tout idéal à gauche est un sous-module de L. Notons (P) l'idéal engendré par le polynôme P. Soit a_1, a_2,ldots une suite infinie de nombre complexes. On a alors la suite décroissante suivante : cdots subset (X-a_1)cdots (X-a_n) subset cdots subset (X-a_1)(X-a_2) subset (X-a_1) subset L. C'est une suite non stationnaire de sous-modules, dont les quotients successifs sont des modules irréductibles (car de dimension 1). Ainsi L n'est pas artinien et n'est pas de longueur finie. Notons que L est noethérien car c'est un module de type fini (en fait cyclique, engendré par le polynôme constant 1).


Une sous-catégorie pleine de Mod(mathfrak{g}) est artinienne (respectivement noethérienne) si tous ses objets sont des modules artiniens (respectivement noethériens). Dans une sous-catégorie pleine de Mod(mathfrak{g}) artinienne et noethérienne tout objet est de longueur finie. Une sous-catégorie pleine de Mod(mathfrak{g}) a assez de projectifs si pour tout objet M de la sous-catégorie il existe un module projectif P dans la sous-catégorie et un morphisme surjectif de P sur M. Elle a assez d'injectifs si pour tout objet M de la sous-catégorie il existe unmodule injectif I dans la sous-catégorie et un morphisme injectif de M dans I.

Références[modifier]

 

Voir aussi[modifier]

11:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les commentaires sont fermés.