21/01/2010
Arithmétique des polynomes: Bézout et applications
On considère les polynômes à une variable à coefficients dans ou ou . Les algorithmes de base déjà évoqués sont l'évaluation en un point (méthode de Horner), l'addition, la soustraction, la multiplication et la division euclidienne de A par B 0 :
A l'aide de la division euclidienne, on peut calculer le PGCD de deux polynômes par l'algorithme d'Euclide. Nous allons présenter l'algorithme d'Euclide étendu (ou de Bézout)
Algorithme :
On construit en fait 3 suites (Un), (Vn) et (Rn) telles que :
- on initialise U0 = 1, V0 = 0, R0 = A et U1 = 0, V1 = 1, R1 = B
- on calcule les indices n + 2 en fonction de n et n + 1 en effectuant la division euclidienne de Rn par Rn+1 Rn = QnRn+1 + Rn+2, Un+2 = Un - QnUn+1, Vn+2 = Vn - QnVn+1
- on s'arrête au dernier reste non nul
Exemple :
A = x3 -1, B = x2 + 1, les rangs 0 et 1 sont donnés ci-dessus. Au rang 2, Q0 est le quotient euclidien de A par B (fonction quo
) donc x, d'où
Puis on divise x2 + 1 par - x - 1, quotient - x + 1, donc
Preuve de l'algorithme :
On montre facilement par récurrence que la relation AUn + BVn = Rn est conservée. Comme Rn est la suite des restes, le dernier reste non nul est bien le pgcd de A et B. D'autre part, examinons les degrés des Vk. Supposons que deg(A) deg(B) (sinon on échange A et B). Au rang n = 0, V0 = 0 donc V2 = - Q0V1, aux rangs suivants le degré de Qn est non nul (car le degré de Rn+1 est strictement inférieur au degré de Rn) On montre donc par récurrence que la suite des degrés de Vn est croissante et que :
Comme deg(Qn)=deg(Rn)-deg(Rn+1), on en déduit que
Donc si n + 2 est le rang du dernier reste non nul, Vn+2 = V et degV=degA-degRn+1 est donc strictement inférieur au degré de A (car Rn+1, l'avant-dernier reste non nul, est de degré plus grand ou égal à 1). On en déduit enfin que le degré de U est strictement inférieur au degré de B, car AU = R - BV, le degré de BV est strictement inférieur à celui de B plus celui de A.
L'identité de Bézout permet de résoudre plus générallement une équation du type
où A, B, C sont trois polynômes donnés, à condition que C soit divisible par le pgcd de A et B. L'ensemble des solutions s'obtient à partir d'une solution particulière U, V de Bézout, notons c = C/gcd(A, B), on a alors
et l'ensemble des solutions est donné par u = cU - PB, v = cV + PA où P est un polynôme quelconque. Si le degré de C est plus petit que le degré de A plus le degré de B, il existe une solution ``priviligiée'', on prend pour u le reste de la division euclidienne de cU par B, v est alors le reste de la division euclidienne de cV par A pour des raisons de degré.
Exemple : si on veut résoudre
on multiplie U = x - 1 et V = 1 + x - x2 par x2 ce qui donne une solution
l'ensemble des solutions est de la forme
et la solution priviligiée (de degrés minimaux) est
L'identité de Bézout intervient dans de nombreux problèmes en particulier la décomposition en éléments simples d'une fraction rationnelle. Si le dénominateur D d'une fraction se factorise en produit de 2 facteurs D = AB premiers entre eux, alors il existe deux polynômes u et v tels que N = Au + Bv, donc
Si de plus N/D est une fraction propre (degré de N plus petit que celui de D), alors u/B et v/A sont encore des fractions propres (en calculant le reste de la division euclidienne pour u et v comme expliqué ci-dessus).
Par exemple :
Les applications sont diverses, citons
- le calcul de primitive de fraction rationnelles (et tout ce qui s'y ramène), par exemple = = +
= - + + = - ln(x2 +1) + arctan(x) +
pour faire le calcul complet, il faut aussi décomposer la fraction restante (exercice!) - le calcul de transformée de Laplace inverse de fractions rationnelles, l'idée est la même, sauf qu'on remplace l'intégrale par la transformée de Laplace inverse (et les formules donnant la transformée inverse de 1/(x - p), 1/(x2 + p2), p/(x2 + p2) respectivement exp(px), sin(xp)/p, cos(px)) (calcul non exigible à l'examen)
- le calcul du terme d'ordre n du développement de Taylor en 0 d'une fraction rationnelle. On décompose, et on se ramène à des séries dont le terme général est connu, comme (a + x)-n. Par exemple pour connaitre le développement de 1/(x2 - 3x + 2), on factorise le dénominateur 1/((x - 1)(x - 2)), on décompose = + = -
Il faut néanmoins savoir factoriser un polynôme, ce dont nous parlerons dans la section suivante.
Exercice : Calculer l'intégrale
en utilisant l'identité de Bézout pour décomposer la fraction rationnelle. Trouver à l'aide de cette décomposition le terme d'ordre n du développement de Taylor de la fraction à intégrer, vérifier avec un logiciel de calcul formel que les termes d'ordre 0 à 3 sont corrects.
Una autre application est l'élimination dans les systèmes polynomiaux, par exemple considérons le système de 2 équations à 2 inconnues (intersection d'une ellipse et d'un cercle) :
En calculant les coefficients de Bézout des 2 polynômes en x x2 + y2 - 9 et x2 +2y2 - 2xy - 7 et en multipliant au besoin par le PPCM (plus grand commun multiple) des dénominateurs, on obtient à droite de l'équation de Bézout un polynôme ne dépendant que de y et qui s'annule aussi aux solutions du système, on peut alors résoudre en y (en factorisant) puis en x. Ici par exemple ce polynome est 5y4 -32y2 + 4. Cette méthode se systématise, le polynome obtenu par élimination d'une variable est appelé résultant.
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